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17 octobre 2022

LA PRÉPARATION MENTALE DANS LA RÉATHLÉTISATION D’UN SPORTIF APRÈS UNE BLESSURE


Pour un sportif, la blessure fait partie des aléas de sa pratique. Cependant, la façon de la gérer est propre à chaque individu. Un accompagnement en préparation mentale peut être particulièrement intéressant dans cette situation.

1 – Qu’est-ce qu’une blessure ?

Nous pouvons définir la blessure selon deux points de vue :
    - Physiologique : il s’agit d’une atteinte au système musculosquelettique qui a lieu lors de la pratique ou en compétition et qui nécessite une intervention médicale particulière induisant des limites d’entraînement pour l’athlète à une durée variable suivant la blessure (Alonso et al., 2010).
    - Psychologique :
        • Elle peut être considérée comme un vécu corporel subjectif : « une blessure est souvent associée à une nouvelle façon d’éprouver ses douleurs corporelles et de considérer celles-ci comme une vulnérabilité physique » (Deroche et Lecocq, 2012).
        • Ou comme un traumatisme : « une blessure peut être vécue comme un épisode singulier marquant qui, au même titre qu’un évènement de type traumatique, pourrait avoir un retentissement psychologique important susceptible d’impacter sur la performance, notamment au moment de la reprise de l’activité » (Tapia et al., 2012).


2 – Les raisons d’une blessure

Selon plusieurs études (Weeuwisse et al., 2007 ; Wiese-Bjornstal, 2009), une multitude de causes peuvent être à l’origine d’une blessure, quelle qu’en soit la nature ou la gravité.

Tout d’abord, il existe des facteurs de risques susceptibles d’engendrer une blessure :
    - Les risques internes : psychologiques (stress, manque de concentration ou de motivation, etc.) et physiologiques (précédentes blessures, fragilité articulaire, musculaire ou ligamenteuse, etc.).
    - Les risques externes : les paramètres ayant une influence sur le physique (la surface de jeu, etc.) et socioculturels (règles du sport, conditions de pratique, entraînements, etc.).

Ces risques, associés à une ou plusieurs situations précises, peuvent mener à la blessure. Les évènements en question relèvent de la situation de jeu, du comportement du sportif et de l’adversaire, de la biomécanique du corps, de celle des articulations et des tissus musculaires et tendineux.

Un exemple pour illustrer mes propos : il y a quelques années, au cours d’un entraînement de tennis, je me suis fait une entorse à la cheville droite qui m’a contrainte à ne plus pratiquer d’activités sportives pendant plus d’un mois. Après réflexion, plusieurs causes avaient interagi pour engendrer cette blessure :
    - Le manque de motivation pour venir m’entraîner (mauvaise entente avec la monitrice).
    - La fatigue de l’hiver et de mon rythme de vie relativement soutenu (études, pratique sportive quotidienne, job d’éducatrice bénévole dans mon club de tennis).
    - Une précédente entorse sur cette même cheville mal soignée.
    - La situation de jeu a été l’évènement déclencheur : reprise d’appuis suite à une montée au filet.


3 – Les conséquences psychologiques d’une blessure

Une blessure entraîne des changements psychologiques majeurs influençant le processus de rééducation sur :
    • La confiance en soi (Lentz et al., 2014 ; Nwachukwu et al., 2019)
    • Les émotions perçues (Langford et al., 2008 ; Brewer et al., 2007 ; Chmielewski et al., 2008)
    • La peur de se blesser à nouveau (Ardern, Webster, Taylor & Feller, 2012)
    • L’anxiété (Chan et Grossman, 1988)

Elle peut également provoquer des changements sur le plan social et ce, particulièrement lorsque l’athlète pratique un sport collectif. En effet, ce dernier se retrouve à l’écart de son cadre sportif habituel (coéquipiers, entraîneurs). Il peut rater des moments d’équipes fédérateurs.

Cependant, les réactions cognitives, émotionnelles et comportementales liées à une blessure sont totalement différentes d’un individu à l’autre. Ces dernières dépendent de :
    - Facteurs personnels : la nature et la sévérité de la blessure ou les différences individuelles psychologiques, physiques et démographiques…
    - Facteurs situationnels : le sport pratiqué, le contexte social, l’environnement de réhabilitation/réathlétisation.

Le déroulement de cette dernière est fonction des réactions à la blessure.


4 – Astuces de préparation mentale

Après une blessure, il est possible de mettre en place des astuces permettant de favoriser une bonne rééducation et réathlétisation parmi lesquelles :

    La fixation d’objectif
    Il est essentiel de continuer à se fixer des buts notamment lors de la réathlétisation. Ces derniers doivent être liés à la guérison de la blessure. D’après plusieurs études (Evans & Hardy, 2002), cela permet d’augmenter l’adhésion du sportif au processus de rééducation mais aussi ses attentes d’auto-efficacité, de favoriser la réussite des exercices effectués dans le cadre de la réathlétisation. En effet, la fixation d’objectifs permet de maintenir la motivation et l’engagement tout au long du déroulement de la réhabilitation ainsi que de diminuer l’anxiété.

    La relaxation
    Elle permet de réguler sa respiration, de réduire les tensions musculaires ainsi que l’anxiété, de se concentrer sur le moment présent et de se défocaliser du problème de la blessure (Cupal & Brewer, 2001). Cela favorise le lâcher-prise et influence positivement la guérison (meilleure circulation sanguine, etc.).

    L’imagerie mentale
    La visualisation mentale est très utile en cas de blessure dès lors que la réathlétisation a commencé. Elle permet de développer l’adhésion de l’athlète au programme de réhabilitation et de favoriser la confiance en soi et en son corps (Cupa & Brewer, 2001 ; Milne et al., 2005). L’imagerie mentale permet également au sportif de garder, même sans pratiquer physiquement l’activité, un certain niveau d’habileté. En effet, cette méthode entraîne de légères contractions musculaires afin de faire travailler les muscles même au repos. De plus, en visualisant des situations qu’il rencontre régulièrement dans sa pratique, il peut se projeter dans l’après-blessure. Cela facilite son retour sur le terrain (Cupa & Brewer, 2001).


5 – Conclusion

Certes, une blessure est un moment souvent compliqué de la vie d’un sportif.
Sachez qu’il est possible de transformer une blessure en une véritable opportunité ! Eh oui, il n’y a pas que du négatif dans une période comme celle-là ! Ainsi, nous avons du temps pour prendre du recul sur notre pratique, pour engager une réflexion sur nos propres besoins ou encore notre mode vie et les améliorations que l’on peut y apporter afin d’augmenter nos performances et notre bien-être quotidien. Cela peut nous faire grandir et nous rendre plus fort face aux éventuelles difficultés à venir.