15 novembre 2023
LA GESTION DE LA PRESSION
La pression fait partie intégrante de la performance sportive. Il arrive que, le jour J, certains
athlètes craquent sous la pression. Quels sont les mécanismes liés à ce phénomène et ses conséquences réelles sur la performance ?
La pression :
Il convient, dans un premier temps, de définir le terme de «pression». Selon Hardy, Mullen et Jones (1996), elle apparaît lorsque l’individu a très envie de réussir et d’atteindre
une performance élevée. Le contexte et la perception sont deux éléments influençant la pression perçue par l’individu.
Qu’est-ce que le «chocking under pressure» ou «étouffement sous la pression» ?
Le «chocking under pressure» ou «étouffement sous la pression» désigne une diminution importante de la performance sous la pression, située bien en-deçà des résultats habituels
du sportif (Hill, Hanton, Fleming & Matthews, 2009). Mesagno et Hill expliquent que l’anxiété est à l’origine de ce phénomène alors que le sportif serait tout à fait capable
d’atteindre son objectif en situation normale.
Voici un exemple pour illustrer mon propos : un joueur de tennis, dont le service est le point fort en situation ordinaire de jeu, va, sous la pression, au moment de servir pour
le gain du match, enchaîner plusieurs doubles fautes.
Les conséquences du phénomène d’étouffement sous la pression :
- La théorie de la distraction (Wine, 1971) : la pression entraîne un environnement de distraction. Ainsi, le sportif n’est plus concentré sur les informations pertinentes pour
effectuer la tâche avec succès mais reste davantage focalisé sur ses doutes, ses inquiétudes, la rumination des situations passées.
Reprenons l’exemple d’un joueur de tennis : sous pression il sera davantage concentré sur la possibilité de rater le prochain point que sur sa simple réalisation. Cela sature sa
mémoire de travail et l’empêche de prendre en compte les informations pertinentes pour effectuer la tâche correctement.
- La théorie du contrôle explicite : l’importance de la réussite du geste par l’individu engendre de l’anxiété et la volonté de se concentrer sur des automatismes intégrés,
ce qui entraîne une baisse de la performance (Beilock & Carr, 2001). Autrement dit, le contrôle explicite consiste à avoir une conscience trop élevée sur la tâche à réaliser
qui est pourtant automatique par la pratique répétée dans le temps.
Pour garder le même exemple, un joueur de tennis de bon niveau a automatisé le geste du coup droit. Cela signifie, qu’à force de répétition, il n’a plus besoin de réfléchir à la façon
de procéder pour effectuer ce coup correctement. Cependant, sous la pression, il voudra tellement réussir son geste qu’il se focalisera sur la façon de l’exécuter. Cela perturbera
fortement sa performance.
Tout le monde réagit différemment à la pression et à l’anxiété qui en découle. Certains arrivent mieux à y faire face que d’autres, en mettant notamment en place des stratégies.
Un accompagnement en préparation mentale permet d’apprendre à se connaître et à gérer
cette pression efficacement.
Sources :
- Beilock, S. L., & Carr, T. H. (2001). On the fragility of skilled performance : what governschoking under pressure ?. Journal of Experimental Psychology :
General, 130 (4), 701.
- Hardy, L., Mullen. R., & Jones, G. (1996). Knowledge and conscious control of motor actions under stress. British Journal of Psychology, 87, 621-636.
- Hill, D. M., Hanton, S. Fleming, S., & Mathews, N. (2009). A re-examination of choking in sport. European Journal of Sport Science, 9(4), 203-212.
- Mesagno, C., & Hill, D. M. (2013). Definition of choking in sport : re-conceptualization and debate. International Journal of Sport Psychology.
- Wine, J. (1971). Test anxiety and direction of attention. Psychological Bulletin, 76 (2), 92.